Pérou, petit trekking en terre inca
Comme de coutume, le départ est matinal : lever à 3h30 pour un décollage à 7h40. Mais ne dit-on pas que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt ? Je retrouve avec plaisir ma coéquipière pour ce voyage : Laëtitia. Elle a l'air aussi réveillé que moi ou que l'ours sorti de façon impromptue de son hibernation (le côté grognon en moins). Le vol jusqu'à Madrid se passe sans encombre. Enfin, je crois parce que j'ai légèrement fermé les yeux un moment entre le décollage et l'atterrissage.
3 heures d'escale où nos esprits éveillés se mettent en évidence. Ayant chaud, Laëtitia me demande une pause pour se découvrir un peu. Nous nous arrêtons, discutons un peu puis repartons sans qu'elle n'ait eu à l'esprit d'enlever sa polaire. Je n'ai pas davantage remarqué ce détail ... Ce nouveau voyage sera placé sous le signe de l'humour ou ne sera pas ! Nous tournons également une séquence du film de notre voyage qui nécessite d'être dans un aéroport.
Sur ces entrefaites, notre second avion nous attend : décollage 12h40 pour Lima, capitale du Pérou. A bord aucun écran individuel, le temps risque d'être long et c'est surprenant pour une compagnie de ce standing. Mais comme il reste encore un peu de sommeil à écouler, le temps va se contracter un peu et la lecture fera le reste. J'arrête là la partie "Les deux marmottes prennent l'avion" pour attaquer la description du reste du séjour.
Lima, autour de 18h. Le passage à la douane est un peu inhabituel me concernant car la fonctionnaire constatant que je parle espagnol me demande de lui enseigner quelques rudiments de français. Tant pis pour les autres passagers ils attendront. Avant de nous libérer pour retrouver le correspondant local de notre agence de voyage, on nous propose une dernière activité ludique : il s'agit d'appuyer sur un bouton. Si la lumière est verte, on ne veut plus vous voir; si elle est rouge, on s'intéresse de bien près à votre sac. On tente le coup ? Vert ... ouf ! En même temps, c'est plutôt ouf pour eux parce que mon sac à dos contient 20 poches et qu'une douane asiatique a déjà crié grâce par le passé. Nous sommes alors accueillis par Brenda, une petite femme un peu ronde et assez énergique. Nous retrouvons également d'autres personnes appartenant à 3 groupes distincts. En avant pour l'hôtel !
Le trafic est intense et anarchique, c'est à qui s'impose aux autres et à quoi servent les bandes blanches au sol ? Il paraît que c'est comme cela tous les jours de l'année car il n'y a ni métro, ni train de banlieue dans cette métropole de 10 millions d'habitants, soit le tiers de la population du pays. Les seuls véhicules collectifs sont les taxis officiels ou pas, les bus et des minibus appelés combis. Les automobiles sont surtout de modèles asiatiques, parfois européens ou américains quand le niveau de vie le permet. Malgré ce flot ininterrompu, l'essence ici est chère : 1€/l quand le salaire minimal est de 250€ et le salaire moyen entre 750 et 1000€.
Les longs boulevards ne sont qu'enfilades de voitures à la circulation désordonnée malgré l'omniprésence de feux et de policiers qui, du haut de leurs perchoirs siglés Inca Kola, dirigent, tels des chefs d'orchestre, les automobilistes de leur bâton lumineux rouge.
La mégalopole se compose d'une trentaine de districts dont seulement 20% peuvent être considérés comme "aisés". Jusque dans les années 70-80 avec le terrorisme du Sentier Lumineux et la corruption, il n'y avait plus que des très riches d'une part et des très pauvres d'autre part. Mais depuis, une classe moyenne commence à émerger et, petit à petit, les conditions de vie s'améliorent pour tous. Il n'en reste pas moins qu'en périphérie, des bidonvilles parfois immenses se sont érigés en communes avec leur propre mairie.
Cette cité est aussi un symbole du capitalisme : contrairement au reste du Pérou, tout y est ouvert 7j/7. Les patrons décalent les emplois du temps de leurs salariés pour que le poumon économique du pays ne cesse jamais de fonctionner. Les gens travaillent 10 à 11h par jour, 6 jours par semaine pour un salaire moyen de 800 à 1000€ donc. Le jour de repos est à discrétion de l'employeur, pas forcément le dimanche. Du coup, il y a des messes tous les jours de 7h à 11h et de 14h à 21h dans ce pays à 85% catholiques (pas tous pratiquants). Les autres religions principales sont les évangélistes et les témoins de Jéhovah.
Au-dessus de nous le plafond nuageux est très bas et grisâtre. Il s'agit de la Garua, un brouillard emblématique de la ville qui paraît-il peut se dissiper en une vingtaine de minutes. Nous n'aurons pas l'occasion de nous en rendre compte car jamais cette chape oppressante ne se lèvera lors de notre présence dans la capitale. Et celle-ci stagne six mois par an dans la région.
Nous passons par la place 2 de Mayo aux édifices bleus en paille, bambou, bois, adobe pour résister aux séismes qui secouent fréquemment cette zone située sur une plaque tectonique. A deux pâtés de maisons de la Place d'Armes, le centre de la ville historique, le minibus nous dépose à notre hôtel. L'ascenseur est tellement ancien que pour les phobiques il y aurait de quoi angoisser. Pour nous, c'est plutôt une curiosité d'une époque que nous n'avons pas connue.
Personne n'a le courage de sortir manger. Je pars donc seul dans la principale artère commerçante, m'attable dans un micro-restaurant de rue qui ne compte que trois tables. Je découvre à travers mon menu ma première spécialité locale : l'Inca Kola. Le mien n'est pas jaune fluo comme le standard mais plutôt orange fluo. Son goût est proche du Fanta je pense mais dur de comparer comme je ne suis pas consommateur en France. Pour le reste je mange plutôt des mets courants suivant, au fil des clients qui se succèdent, des telenovelas à l'eau de rose. La patronne est bienveillante et laisse chacun décider de la programmation suscitant des exclamations outragées quand elle se trompe involontairement de chaîne.
Plus qu'à fermer les yeux pour que la découverte commence vraiment.