Vendredi 21 septembre 2012 : Passage du sommet à 5070m

Le Campa Pass (5070m)

Réveillé tôt, je sors prendre l'air et admire le cadre environnant. J'apprécie beaucoup le muret de pierre, la rivière d'eau chaude qui fume au petit matin et la maison blanche se détachant sur fond de collines herbeuses et de sommets enneigés. Tout est paisible, seulement animé par une femme allant faire provision d'eau et un enfant se dirigeant à pied vers l'école. De notre campement, les seuls bruits proviennent de la tente mess où l'on s'active depuis 5h pour que tout soit parfait à notre réveil. Mais tout est déjà parfait quand on se lève dans un tel cadre ! Et en plus, ce matin, ça va mieux.

Nous partons à travers le village puis, à sa sortie, croisons un troupeau d'alpagas et de lamas gardés par une poignée de bergères aux chapeaux plats, bordés de franges. Comment distinguer ces deux espèces d'animaux ? Les alpagas sont plus poilus et ont la queue droite. Ils peuvent être de deux groupes : suri (les poils sont longs et distincts comme les tresses d'un rasta ou celles de Yannick Noah...) ou huacaya (un genre de mouton au long cou).

Nous suivons ensuite la rivière au ruissellement ressourçant. Nous sommes environnés de collines rebondies sur fond de montagnes blanches. Derrière des plis de terrain, des viscaches fuient en nous voyant apparaître. Je ne savais pas qu'on avait l'air si horribles, d'habitude on ne fait pas cet effet-là.

Pour traverser le cours d'eau, nous improvisons un petit pont à l'aide de grosses pierres disposées à intervalles réguliers. Il ouvre l'accès à une large plaine de pozzines (prairie de bosses moussues cernées de filets d'eau). Des lamas y paissent et des oies s'y reposent.

Pour sortir de cette micro-vallée, la pente s'accentue et seuls Martine et Patrick nous suivent. Les mules, elles, nous rattrapent déjà. Nous en profitons pour marquer une longue pause histoire de laisser ceux qui en ont besoin reprendre leurs esprits et de reformer les rangs. Un aigle voltige au-dessus de nos têtes et se pose à quelques mètres sur un rocher. Peu après, il repart tournoyer autour d'une habitation en pierre, rejoint par d'autres.

Alors que nous redémarrons, le cheval est mis à contribution pour transporter alternativement personnes en difficulté (Marie-Laure puis Martine) ou sacs. A notre gauche, le premier lac qui en annonce toute une série aux teintes multiples. Des glaciers majestueux et imposants, mais fragiles, sont posés sur les hauteurs et descendent en modelant le relief. Nos pas croisent ceux d'une autre caravane redescendant du col.

A environ une heure du sommet, nous prenons notre repas, blottis contre de gros rocs à l'abri du vent. En contrebas, trois lacs de trois couleurs distinctes et des enclos en pierre. Curieux tant ils sont proches ! Avant de repartir, nous aidons à quelques-uns à replier le bivouac. Cette pause n'aura pas trop duré et pourtant, un léger mal de tête s'annonce que je soigne illico. Il finit par passer mais c'est désormais chacun pour soi car, sans abri, nous nous refroidirions trop vite en nous attendant. Une petite averse de neige et un orage qui monte vers nous viennent appuyer ce raisonnement. En contrebas, les éclairs zèbrent la vallée.

Nous ne sommes plus que deux devant jusqu'à ce que nous croisions un groupe de vigognes. Nous insistons encore et atteignons le sommet du Campa. Nous y déployons le drapeau du Pérou et immortalisons l'instant ensemble puis individuellement. Autour de nous, une myriade de cairns. Nous nous installons ensuite pour attendre le groupe pour une photo collective, rejoints rapidement par Percy puis par Avelino et son cheval. Laëtitia en profite pour monter sur la brave bête et, incroyablement, arrive à tenir en selle. Il y a dû avoir un truc qui m'a échappé ? Moi et la physique alors !

Une vingtaine de minutes plus tard, je n'y tiens plus : le mal de tête s'est bien installé en restant aussi longtemps à 5070m et les nausées s'annoncent. Pressentant un nouveau soroche, je décide de descendre immédiatement de plusieurs centaines de mètres avant de redevenir un légume. Sans nous consulter, Laëtitia m'accompagne et tant mieux car je m'attache surtout à suivre ses pas.

Au lieu de redevenir HS, l'effet va être fulgurant : en peu de temps, les symptômes se stabilisent et, une heure après, c'est déjà de l'histoire ancienne !

Derrière, les différents groupes n'ont pas pu davantage s'attendre ce qui me réconforte un peu. Ils arrivent par vagues successives au campement qui, de là-haut, semblait une goutte dans un océan. La trouverez-vous sur la photo ?

Etant requinqué, je me joins ce soir à Laëtitia pour écosser les petits pois avant d'aller nous balader. Nous sommes tout proches du campement et pourtant nous surprenons encore des viscaches aux dernières lueurs du soleil. Au retour, je passe un  agréable moment à évoquer la Mongolie avec Marie-Laure et Blandine, ce voyage qui était mon rêve.

Je profite ensuite de la soirée et suis reconnaissant de la grande sollicitude de Laëtitia envers moi lorsque je n'étais pas dans mon assiette. Seul, le passage du Campa aurait été plus compliqué probablement. Quand je me dis qu'il y a un an je galopais presque à 5000m, l'altitude est vraiment une loterie !

Enfin, malgré mes moments de moins bien, je dois avouer que les paysages de ce trek m'ont jusqu'à présent enthousiasmés. Ils changent si rapidement ! Et que dire de tous ces glaciers plus admirables les uns que les autres ! Vivement demain pour de nouvelles surprises !!!

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