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Samedi 22 septembre 2012 : Fin du trek

Echanges avec Avelino

Ce matin, en ouvrant la toile de tente pour aller me raser, je découvre que tout est blanc de gel. La nuit a été difficile : le froid et l'altitude ont gêné Laëtitia, une nouvelle douleur à l'estomac m'a tenu éveillé un long moment. Troisième jour que je ne suis pas au mieux, un record dont je me serais bien passé mais je garde le moral et l'énergie pour en profiter, pour profiter de cette chance d'être là, en ce moment. Ayant encore un peu de temps devant moi avant le lever de tous, je prends de la hauteur au-dessus du camp, du côté des Tres Cruces. Au petit-déjeuner, je suis incapable de manger la moindre chose ce qui est très difficile psychologiquement étant donné qu'Avelino a préparé des crêpes dès 4h30. Snif !

Mise en marche pour de la descente uniquement. Avelino part avec Laëtitia et moi, l'occasion de faire plus ample connaissance. Lors des treks, il peut faire office soit de cuisinier, soit de muletier. Hors saison, il est le spécialiste des beignets de pomme de terre dans son village. A notre demande, il tente de nous enseigner trois mots de quechua. Mais le nombre de syllabes est trop conséquent pour que nous puissions le mémoriser. Alors qu'il est à l'aise dans notre discussion, le passage devant ma caméra (avec son accord) le bloque. Je respecte son inconfort et range mon appareil.

A notre passage, des oies wallatas s'animent. Elles vont toujours par paire. Les pauses sont nombreuses, l'allure lente. Nous sommes ainsi toujours devant avec notre cuisinier. Parfois, un local vient échanger quelques mots avec lui.

Ailleurs, des viscaches détalent à notre approche. Elles sont tellement nombreuses que de petites parcelles de terrain semblent se mouvoir sous l'effet de leur fuite.

Nous passons devant des maisons en pierre aux toits de chaume. Autour, les paysages sont somptueux : méandres de rivière, cascades, vallée aux multiples couleurs, apparition de l'Ausangate coiffé d'une chape nuageuse et couvert de glaciers étincelants...

Un goulet finit même par ouvrir sur une vallée à la mongole : vaste prairie herbeuse traversée par un cours d'eau se tortillant, camélidés paissant, monts aux formes douces et arrondies encadrant l'ensemble. Cette vallée, c'est Chilica Pampa. Nous y déambulons jusqu'à midi.

Peu après nos retrouvailles avec la civilisation à l'occasion de la traversée d'un hameau, nous atteignons la piste. Sa couleur ocre, le vert de l'herbe et le bleu du ciel créent un contraste détonnant. Le minibus réapparaît, le trek s'achève à l'issue d'un repas en plein air avec nos muletiers.

L'averse menace alors nous les aidons à charger le véhicule en vitesse. Je leur adresse quelques mots improvisés en guise de remerciements étant celui qui parle le mieux espagnol dans le groupe. Avelino et l'un des muletiers nous accompagnent dans la descente jusqu'à un village où ils prendront le bus pour Cusco avec le matériel. Les autres raccompagnent les mules au point de départ.

Le chemin traverse Chilica Pitumarca : une trentaine de kilomètres à serpenter entre canyon et vallées cultivées encaissées. De petits villages suspendus, comme en apesanteur, s'accrochent aux montagnes. Des écoliers descendent des sentes escarpées, réminiscence du Népal. Puis, les arbres refont leur apparition, eucalyptus en tête. Magique !

La séparation avec nos deux accompagnateurs intervient peu après. J'aide à décharger le minibus sur le bas-côté. Puis, en pleine rue, nous refaisons nos sacs pour libérer ceux de trek prêtés par l'équipe. Accolades et souhaits de bonheur accompagne l'enveloppe.

La suite de la route est une traversée d'un Pérou agricole où les boeufs tirant l'araire sont monnaie courante. Nous passons par Raqchi, son mur inca et son église de style. De manière inattendue se profile un péage sorti de nulle part. Il donne accès au col de la Raya à 4338m, le point haut de la route entre Cusco et le Titicaca. Le glacier du Chimboya voisin alimente la rivière au pied du Machu Picchu. Avec cette frontière fictive, nous pénétrons dans l'altiplano, un vaste plateau herbeux.

Nous poursuivons jusqu'à Ayaviri, une ville poussiéreuse, halte du jour. A la descente du bus, c'est la cacophonie : l'entrée de l'hôtel est masquée par un camion qui décharge et certains s'égarent momentanément. Toutes les chambres n'ont pas la douche, nous sommes donc généreusement accueillis, tels des réfugiés, chez Patrick et Martine. Après 3 jours de trek sans vraie salle de bain, nous apprécions grandement l'attention.

Disposant d'un peu de temps, nous partons à deux pour un petit tour de place et également de marché. Celui-ci vend de tout : des vêtements à l'électronique en passant par l'alimentaire ou le culturel. Les commerçants me trouvent particulièrement grand et Laëtitia est adoptée par une enfant qui l'appelle "maman". La faisant parler, elle déclare vouloir aller en France, cachée dans nos sacs à dos et en plus en ramant. On n'est pas arrivé ! Bon Laëtitia je te laisse ... j'ai un avion qui m'attend. La naïveté de la fillette suscite la bonne humeur autour de nous. Moments de partage comiques.

La journée se termine dans un restaurant de poulet genre "fast-food". Un employé s'empresse de venir nettoyer nos tables et de nous fournir assiettes et couverts alors que tout le monde autour se sert par lui-même et mange avec les doigts. Bon ok j'avoue : on est bien des touristes. Elle est où ma cagoule déjà ? Mais le meilleur est encore à venir avec la soupe version Kinder-surprise : les soupes péruviennes sont denses et nourrissantes aussi ne voit-on jamais le fond de l'assiette avant de la terminer. Mais quand les cuillères remontent des pattes de poulet, la nouvelle fait jaser.

De retour à l'hôtel, j'organise avec Laëtitia une clémentine party durant laquelle nous étrennons mon jeu de petits-chevaux andins. Les pions symbolisent les animaux de la trilogie andine : condors, pumas et serpents auquel il faut ajouter les alpagas. D'ici quelques jours, il fera très bien sur ma bibliothèque.

Nous fermons les yeux dans un hôtel qualifié par Percy de "modeste" alors qu'il propose tout le confort.

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