Jeudi 27 septembre 2012 : à la rencontre des otaries

Dernier matin péruvien, du moins pour cette année car qui sait si je ne reviendrais pas un jour pousser plus loin la découverte ? Au réveil plutôt tardif, succède un petit déjeuner autour de la brioche. Il paraît qu'il faut y aller léger vu qu'un tour en bateau nous attend. Mais on parle de brioche et de fruits frais quand même alors nous mangeons raisonnablement. La consigne est d'être prêts, bagages compris, car nous ne repasserons pas par le centre. En effet, depuis quelques jours des manifestations agitent la capitale. Et devinez qui fait partie du cortège ? Les infirmières bien sûr ! Prenez celles qui nous accompagnent dans le groupe, déjà deux semaines qu'elles ont arrêté le travail ... Est-ce que vous avez déjà entendu parler d'une grève des statisticiens du privé ? Voilà des gens aussi rigoureux que les chiffres qu'ils manient (et manipulent. Oups je m'ouvre un peu trop ...).

Mais pour en revenir au sujet du jour, cette grève est une tragédie qui m'afflige bien plus que la fin du monde prédite à la fin de l'année par les Mayas : nous n'aurons pas l'opportunité de déguster une troisième glace. Ô rage, ô désespoir !!!

David, alias le "fou-furieux" (bien qu'il ne le soit pas), donne le signal du départ. Hélas pour lui, les véhicules chargés de nous conduire ne sont pas encore arrivés. Faux-départ. En peu de temps, deux fourgonnettes débarquent et nous emportent vers le port de Lima : Callao. Un trajet que nous savons apprécier à sa juste valeur. "Oh, regarde le feu tricolore ! Un petit bonhomme qui court ...". Pardon, j'ai du mal à me concentrer aujourd'hui.

Parvenus à destination, David se procure les billets, nous explique brièvement ce que nous allons voir puis disparaît pour aller chercher d'autres touristes à l'aéroport. Nous sommes seuls entre les mains de Jesus -le vendeur de tickets qui lui aussi va disparaître un moment- et celles de la police touristique qui est un peu dépassée de devoir assurer la "garderie". Le quartier étant risqué, ils n'ont pas le droit de nous laisser seuls.

Nous regardons dans un premier temps les énormes grues-portiques du port de commerce et les allers-venues d'une poignée de pélicans.

Dans le même temps, certains d'entre nous commencent à prendre peur, David nous ayant annoncé en partant que nous allons être tous malades car secoués comme des prunes. 4 personnes décident ainsi de se désister.

L'heure de départ approche mais il n'y a toujours personne alentour. J'en profite donc pour discuter un peu avec Edith et ses collègues, les policiers qui nous surveillent. Nous comparons France et Pérou et, si je n'avais pas été interrompu, j'aurais peut-être raté l'excursion sans le vouloir. Vous savez quand je peux pratiquer mon espagnol ...

Une première embarcation nous conduit à un second bateau pour un tour de 4h en pleine mer. Etant donné qu'à un moment nous allons être à la confluence de deux courants marins et qu'il va ainsi y avoir une très forte houle, l'équipage à la prévenance de nous distribuer des cachets contre le mal de mer. Ils sont si infâmes que le remède pourrait être pire que le mal.

Peu après la sortie du port, l'eau vire tout d'un coup du bleu au vert. La ligne de "démarcation" est parfaitement visible. Jesus m'explique que c'est le Rimac -le fleuve qui traverse Lima- qui débouche ici tandis que le vert est la couleur de l'océan.

Le bateau pointe d'abord sa proue vers l'île San Lorenzo avant de la longer. A l'origine, c'était un sanctuaire religieux préhispanique. Puis, des scientifiques tels que Darwin y firent des mesures avant de devenir interdite au public car zone militaire. Elle s'étend sur 8 kilomètres de long et 2 de large. C'est aujourd'hui la seule île encore habitée.

Séparée de celle-ci par un détroit, l'île de Fronton fit office de prison jusqu'en 1996. A un moment, les prisonniers en prirent le contrôle et le Gouvernement dû envoyer l'armée. Elle est également interdite de nos jours et n'y subsistent que des ruines.

Ayant contourné ce bout de terre, nous arrivons au point de convergence des deux courants et effectivement la houle s'accentue sérieusement. Le navire devient le jouet de grosses vagues qu'il doit sans cesse escalader puis redescendre. De nombreuses colonies d'oiseaux, volant en "V", passent au-dessus de nos têtes en direction de falaises où elles nichent. A bord, plusieurs personnes commencent à se sentir moins bien.

Nous finissons, au bout d'1h30, par atteindre l'île Palomino. Un bruit impressionnant constitué de grognements et de cris s'en dégage puis une odeur atroce : 4000 otaries y vivent ainsi que de nombreux oiseaux. Elles s'entassent sur la moindre parcelle de rocher autour de gros mâles plutôt agressifs. Autour du navire, dans l'eau, il y en a tout autant qui s'amusent ou se nourrissent. Pour tolérer, l'odeur deux solutions : prendre son mal en patience ou respirer dans un coton arrosé d'alcool à 90°. Celles qui choisiront cette dernière option finiront à moitié dans un autre univers à deux doigts de voir des animaux qui n'existent pas.

Une touriste française nous ayant rejoints pour l'excursion décide d'aller faire un tour dans l'eau. Avec la mousse blanche alentour qui n'est pas liée à l'écume je n'aurais pas osé ... Pendant que nous restons là, à être secoués comme des pruniers, des otaries, curieuses, viennent à sa rencontre. Elle nous expliquera en remontant qu'elles venaient lui toucher les pieds du bout de leur museau. L'expérience doit être marquante, la température de l'eau aussi malgré la combinaison.

Après cette longue pause, le navire repart contournant San Lorenzo par l'autre côté. Nous marquons une dernière halte à proximité immédiate d'un rocher où s'est réfugié un groupe de manchots de Humboldt.

Nous suivons ensuite la côte sauvage, minérale et désertique de l'île militaire. De petits esquifs luttent contre la puissance des éléments pour gagner ou maintenir une position et pouvoir pêcher dans des conditions extrêmes. Ces hommes ont une sacrée trempe ! Ou alors, ils n'ont pas d'autre choix que de risquer leur vie au quotidien pour assurer leur subsistance et celle des leurs. Ce sont de vrais héros anonymes à mes yeux.

Sur les derniers miles, nous croisons quelques gros pétroliers ou porte-conteneurs qui voguent au large puis retrouvons la "ligne de séparation des eaux".

Nous retrouvons (pour certaines avec un immense plaisir) la terre ferme et nous accordons une pause-déjeuner. Les autres personnes n'ayant pas prévu de pique-nique, elles se dirigent vers un restaurant tandis que nous dégustons différentes victuailles sur une petite place. Puis, nous décidons de changer notre argent dans une banque pour bénéficier d'un taux plus favorable qu'à l'aéroport. Erreur ! Il nous reste en effet pas mal de devises soit une quantité en euro plutôt inhabituelle pour une petite banque de Callao. Nous donnons ainsi quelques sueurs froides au personnel et mobilisons pas moins de trois personnes dont deux directeurs. La conversion des pesos en euro doit effectivement transiter par le dollar ce qui commence à faire des calculs très compliqués, sans parler des formulaires et formalités exceptionnelles qui se multiplient. Après environ 40 minutes, la pauvre employée doit être heureuse lorsque je m'éloigne. Pourvu seulement qu'un second binôme d'hurluberlus n'ait pas la même idée !

Enfin, nous entamons l'ultime trajet vers l'aéroport avec plus de 4h d'avance. Comment faire en sorte que je n'aime vraiment pas les fins de voyage ?

 

Un réveil difficile

L'essentiel du voyage se déroule de nuit. Nous en profitons pour nous reposer tout du long. Grand bien nous en fasse car à l'arrivée à Madrid, nous affichons un retard très important rendant notre correspondance des plus incertaines. Laëtitia et moi décidons de courir pour tenter d'avoir l'avion suivant. Les autres membres du groupe pensent qu'on les attendra et ne s'en donnent pas la peine. Nous leur disons donc que nous en informerons le personnel de l'aéroport en arrivant à la porte d'embarquement. Le parcours est semé d'embûches pour nous ralentir : métro, douane, passage sous un portique de sécurité où bien sûr nous sonnons pour la première fois et où évidemment il n'y a personne pour nous contrôler ... Avec tout ça, nous parvenons à la porte d'embarquement avec deux minutes de retard sur l'heure limite et après 40 minutes de course effrénée.

Avec deux autres passagers, nous obtenons que la porte soit rouverte et en profitons pour expliquer la situation du reste du groupe et le retard de l'autre vol Iberia. Mais les hôtesses ne veulent rien savoir et nous indiquent que les retardataires prendront le prochain vol avec nos bagages. Plus de 50 personnes sont restées coincées alors qu'elles correspondaient avec la même compagnie, elles sont arrivées moins de 10 minutes après à la porte où l'avion est encore resté stationné 15 minutes. Ce n'est pas très correct. Et nos bagages sont arrivés avec 24h de retard. Heureusement qu'une bonne âme a récupéré le mien. MERCI beaucoup Catherine !!!

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