15 septembre 2012 - Dans la capitale inca

Transfert et visite de la capitale inca

A nouveau un vol matinal : nous nous réveillons à 5h. Le petit-déjeuner avec de bonnes brioches nous console de cette dure condition de touristes. Notre véhicule s'élance dans les rues, de jour cette fois-ci, permettant de constater la pénurie de curiosités sur notre chemin : il s'agit de petites échoppes ou de zones industrielles.

Aujourd'hui, une nouvelle compagnie nous transporte : la LAN dont le service est excellent. En outre, à travers le hublot, une belle vue s'offre sur le massif andin, mélange subtil de lacs et de reliefs déclinant toute une palette de couleurs : blanc, ocre, jaune, orange, vert, bleu ... Souvenirs d'un séjour marquant au Kirghizistan mais en bien plus sec. J'écris cela plus par rapprochement d'idées que par nostalgie car cette dernière peut empêcher de profiter de chaque nouvelle destination si on se réfugie toujours dans le passé aussi agréable soit-il.

Avant d'atterrir l'avion décrit une boucle au-dessus de la vallée où se love Cusco. Les arêtes sont presque à portée de main si l'on pouvait tendre le bras à l'extérieur. N'ayant pas effectué trop de loopings ni de vrilles, nous nous remettons de nos émotions suffisamment rapidement pour reconnaître notre guide Percy. Comme le groupe va arriver en plusieurs vagues, nous sommes conduits directement à notre hôtel. Celui-ci est situé sur les hauteurs et ne peut être atteint en véhicule. Premier test d'aptitude : passer de 0 à 3300 mètres en l'espace d'une heure et effectuer un porté de bagages dans une volée de marches. Bien que certains tirent la langue, j'estime l'exercice concluant. Nous pouvons passer à l'étape deux : l'endurance. A peine entrés dans l'hôtel, on nous attribue les chambres du dernier étage soit trois ou quatre escaliers de plus à gravir. Je commence à entendre la complainte du phoque au Pérou mais elle ne vient pas de nous qui sommes trop admiratifs du balcon sur la capitale des Incas.

"Soeur Anne" ne voyant rien venir de sa vigie, nous profitons d'un peu de temps libre avant midi pour une première reconnaissance à deux vers la Place San Blaz et Qorikancha. La première est un ensemble d'étals de souvenirs disposés autour d'une fontaine.

Retour par la Place d'Armes, la place principale de la ville. Il s'agit d'une vaste étendue mise à disposition des promeneurs avec, en son centre, une fontaine surmontée d'une statue de Pachacutec, un dirigeant inca et urbaniste éclairé de cette ville. Tout autour se dressent des édifices de style traditionnel que ce soient des bâtiments religieux (Cathédrale et Compagnie de Jésus), universitaires ou à vocation plus touristiques. Une partie d'entre eux se cachent derrière des arcades. Des balcons en bois relativement travaillés s'avancent vers la chaussée qu'emprunte parfois un genre de tramway en bois.

A l'hôtel, nous gagnons la salle commune pour un briefing sur le séjour. Nous nous attendons à une séance alléchante qui nous mettra l'eau à la bouche, un scénario habile mêlant suspense et aventure. Mais Percy se contente de lire (et de découvrir) le programme. Flop ! Le seul point réconfortant, c'est qu'il est certain qu'il parle et lise le français. Pour le reste, ça fait au minimum pas sérieux d'où un blog qui sera un peu moins riche que les précédents.

En dehors de nous deux, le groupe, livré à lui-même, part dans un restaurant gastronomique. Dotés d'un pique-nique, nous préférons disposer de notre temps pour visiter Qorikancha, le Temple du Soleil. Il est bâti sous un monastère et le billet d'entrée donne accès aux deux. Nous débutons par un cloître décoré de peintures retraçant la vie de St Dominique et enchâssant quelques vestiges incas tels que des temples (de la Lune, dédié à la foudre et aux arcs-en-ciel) et salles votives. Nos pas nous guident ensuite vers le niveau inférieur pour admirer les fondations de l'ancien Temple, énormes blocs de plusieurs tonnes empilés les uns sur les autres sans interstice. A l'époque inca, les murs étaient intégralement couverts de feuilles d'or. Des parterres fleuris donnent un peu plus de gaité à l'ensemble.

Nous en finissons avec le Soleil, le temps vire à l'orage. Nous trouvons refuge sous les arcades de la place d'Armes pour ce qu'une grande poétesse du XXIème siècle qualifia un jour de "pique-nique à la clocharde". Ah la poésie ...

A 14h30, nous retrouvons le reste du groupe devant la cathédrale pour une petite visite guidée. Ensemble, nous nous dirigeons vers la pierre aux 12 angles. Ne laissez pas votre imaginaire concevoir une sorte de polygone à 12 arêtes ou je ne sais quelle autre aberration géométrique, il s'agit simplement d'un bloc qui, pour être parfaitement ajusté à ses voisins, a nécessité de créer un peu plus de coins que la moyenne. Et encore c'était avant que, d'un coup malencontreux de gourde, je ne créé là en bas à gauche un treizième angle.

Le mur sur lequel elle se trouve, comme tous les murs incas, est assemblé sans mortier et incliné probablement pour mieux résister aux fréquents séismes. Les pierres qui le constituent proviennent du site voisin de Sacsayhuaman. Pour les tailler, il fallait utiliser d'autres pierres plus dures comme le granite. Afin d'extraire des blocs, les Incas exploitaient des veines naturelles, inséraient du bois dans ces failles, les gorgeaient d'eau pour qu'il fasse éclater la roche. Ensuite, ils passaient au polissage à l'aide de sable et d'eau avant de frotter avec une autre pierre.

La promenade-découverte se poursuit vers un marché de la ville : le mercado de San Pedro. Etals de couleurs et de saveurs se parcourent les sens en alerte. Un pays se découvre également ainsi : par la diversité de ses produits et par des lieux fréquentés au quotidien par ses habitants. Les allées sont des avenues qui s'appellent viandes, fruits, fromages ou fleurs. Elles sont parcourues par une société bigarrée issue de tout horizon social. Au gré de nos déambulations, nous apprenons que 3000 variétés de pommes de terre se cultivent au Pérou. Un paradis pour certain(e)s, pour d'autres ça finira par devenir un "enfer". L'avantage c'est qu'on finit par ne plus se demander ce que l'on aura à manger sauf au petit-déjeuner. Là il fallait quand même oser, et ils ont osé ! "Ils sont fous ces Péruviens !" dirait un gaulois un peu enveloppé. Mais cet épisode sera relaté ultérieurement.

Certaines variétés sont déshydratées : d'abord arrosées, puis mises dehors à geler et enfin piétinées pour les essorer.

Dans nos visites, nous sommes escortés par un chien kamikaze qui a un faible pour se jeter sous les voitures. En plein centre-ville autant dire qu'il n'en manque pas et que ce compagnon nous fait bien rire.

Temps libre à nouveau. Avec Laëtitia, notre maitre-mot est l'efficacité pour voir l'essentiel dans le temps qui nous est imparti tout en en profitant. Laissés devant la cathédrale, nous entrons la découvrir. A l'instar de celle de Quito en Equateur, elle renferme des richesses inouïes : tout y est d'or, d'argent ou de bois finement sculpté ou ciselé. Pour les rendre plus réelles, les statues sont enduites de blanc d'oeufs. Le syncrétisme est manifeste par exemple pour la Cène où du cuy (cochon d'inde) figure dans les assiettes et où certains apôtres ont la peau plus mate. La seule entorse à cette ostentation est l'absence de vitrail décoré. La cathédrale daterait de 1650 pour la fin de sa construction. Elle est large de façade mais pas très haute du fait des tremblements de terre réguliers qui ne l'épargnèrent pas même durant son édification. Elle renferme notamment l'ancien Seigneur des Tempêtes et, depuis 1650, nouveau Christ des Séismes car, sorti lors de tels événements en procession, il coïncida par deux fois avec la fin de la catastrophe. Il est donc fortement vénéré dans le pays. A ce lieu saint sont adjoints deux autres sanctuaires : l'église du Triomphe et l'église de Jésus Marie.

Sur un autre côté de la place sont érigées la Compagnie de l'ordre des Jésuites et l'Université de St Ignace de Loyola. Concernant la première, sa façade rivalise avec celle de la cathédrale, témoignant d'une féroce compétition entre ordres dans le Nouveau Monde qui mobilisa jusqu'au Pape lui-même pour un arbitrage.

Quant aux universités, il y en a aujourd'hui trois privées et une publique. Les formations les plus courues sont médecine, droit et tourisme. On y entre dans tous les cas sur concours. Parallèlement, il existe des instituts qui dispensent une formation plus technique sur 3 ans au lieu de 5. Pour rester dans l'éducation, l'école maternelle débute dès 3 ans. Suivent 6 ans d'études dans le primaire et 5 dans le secondaire qu'aucun examen ou diplôme ne vient couronner. L'élève reçoit juste un certificat attestant de son niveau d'études. Autre point qui laisse songeur sur la formation dispensée : la fréquence des grèves qui reviennent tous les mois ou bimestres dans le public et durent une semaine, un peu comme nos vacances scolaires en quelques sortes...  L'éducation est plus ou moins chère selon que ce soit du public ou du privé mais elle a systématiquement un coût (fournitures et uniformes). Les écoles sont à présent mixtes et obligatoires même si toutes les familles ne peuvent se dispenser de main d'oeuvre dans la durée. Enfin, il n'est pas rare que les enfants aient un trajet d'une à deux heures pour s'y rendre comme nous avons pu le constater quelques jours plus tard.

Transis, nous retournons à l'hôtel nous couvrir puis repartons en ville. Notre première mission est de taille : pour occuper la journée libre de mercredi, j'ai repéré en amont de notre départ un atelier de confection de chocolats. Il s'agit ainsi de prendre rang pour cette surprise que je réservais à Laëtitia et qui l'enthousiasme. Car il faut savoir que j'avais en réalité prévu 3 activités différentes pour ce moment de liberté mais que, sans nous concerter au moment de la prise de décision, notre préférence allait à la même. Quand je disais en introduction que nous étions soudés.

Puis, contrairement aux conseils de notre guide, nous décidons d'avaler du dénivelé dans un quartier peu touristique de Cusco la nuit. Nous grimpons le Cerro Santa Ana jusqu'à une tour blanche, nous acclimatant ainsi pour les prochains jours. Depuis cet édifice, nous bénéficions d'une vue nocturne dégagée sur la cuvette où se love le centre historique. Ce soir, les constellations sont plaquées au sol vu le conséquent éclairage public.

De retour à la place d'Armes, un petit orchestre officie pour un auditoire conséquent.

Nous poussons jusqu'au Temple du Soleil et passons devant un carrelage figurant l'antique Cusco.

Ce point de passage dépassé, nous nous mettons à la recherche d'un restaurant traditionnel et populaire. Celui que nous dénichons ne comprend qu'une poignée de tables et sa carte propose cuy et alpaga notamment. Je prends le premier tandis que Laëtitia se charge du second dans l'optique de partager. Mais l'altitude me rattrape et peut-être le psychologique, aussi ne puis-je plus rien avaler, à peine une bouchée de cuy pour ne pas mourir idiot. Son goût est très fort et il y a peu à manger, quant aux patates elles ne sont pas cuites. J'ai beau me forcer rien ne passe donc je renonce avec un fort sentiment de honte vu le gaspillage dont je suis à l'origine. Prémices d'un voyage où je vais être le boulet du binôme. Heureusement que par ailleurs le moral et l'entente sont très bons !

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